mardi 15 décembre 2009
...Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in più) de Sergio Leone (Italie-Espagne-RFA/1965/132’’/35mm/Scope/Couleur/vostfr).
Et c'est reparti pour un classique du cinéma, cette fois-ci du western, plus précisément le western spaghetti, un monument cinématographique de Sergio Leone, le fameux ...Et pour quelques dollars de plus. Le cinéma Grand Action le présente en copie neuve intégrale restaurée (en salle 2 devant une bonne vingtaine de personnes), ainsi que Le Bon, La Brute et Le Truand, et surtout Il Etait une fois la Révolution que je compte aussi aller voir bientôt (à suivre), ressortis depuis fin octobre 2009.
Et quel plaisir de revoir ce grand chef-d’œuvre (mais si), second western de Leone et second volet de sa grandiose trilogie du dollar.
Comme son nom l’indique, le réalisateur revient gratter quelques poignées de dollars, après les problèmes judiciaires qu’il a rencontrés sur son premier western (totalement pompé sur Yojimbo de Kurosawa, il a dû payer des indemnités à la Toho suite à un procès), pour livrer un autre western commercial, mais avec de véritables intentions de mise en scène, dans sa forme et dans son fond (et accessoirement les mêmes ingrédients, dont Clint Eastwood et son fameux poncho troué dans le 1er film et retourné dans le second). Voila du grand cinéma de genre, à la fois populaire et plein de pistes de lecture.
Le film s’ouvre sur un long plan d’ensemble fixe, dans lequel évolue de très loin un cow-boy solitaire comme un point dans l’immensité du paysage, pendant une phrase sentencieuse et implacable (« Là où la vie n'avait pas de valeur, la mort, parfois, avait son prix. C'est ainsi que les chasseurs de primes firent leur apparition »), et paf un coup de feu hors-champ fait s’écrouler cet homme qui ne restera que silhouette dans ce film. Fondu au rouge, titre et générique sur la musique magistrale d’Ennio Morricone.
Résumé :
Deux chasseurs de primes aux méthodes très différentes, le colonel Mortimer (Lee Van Cleef), un ancien combattant de l'armée confédérée équipé d'un véritable arsenal, et Monco "le Manchot" (Clint Eastwood), un étranger vêtu d'un poncho, sillonnent le Nouveau-Mexique et le Texas après la guerre de Sécession, et exécutent leurs contrats avec violence et efficacité. Les deux hommes vont s'associer, afin d'éliminer El Indio (Gian Maria Volonte) et ses hommes, des bandits mexicains qui s'apprêtent à braquer la banque d'El Paso. Si les deux chasseurs de prime s’entendent pour le neutraliser, leurs motivations divergent, et Mortimer ne fait pas ça pour l’argent, mais pour venger sa sœur violée par El Indio.
Point de vue scénario, on la connait par cœur. Mais déjà, les archétypes sont incarnés par trois acteurs énormes qui dévorent l’écran avec leurs visages suintants et grimaçants et leurs yeux de braise (Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Gian Maria Volonté), entourés d’une constellation de seconds rôles étonnants de réalisme, telle une cour des miracles en plein cagnard (on note la présence du redondant Klaus Kinski dans un rôle de second couteau, bossu et au faciès marqué, ou encore le vieux prophète vivant au bord de la voie de chemin de fer, incarné par Joseph Egger, habitué des films de Leone) qui évolue dans des décors désertiques et abandonnés typique du western à l’italienne. Mais cette fois-ci, Leone, tout en restant très critique, est moins drôle que dans le film d’avant, et son univers semble encore plus fataliste et désespéré, notamment avec l’apparition dans son œuvre de ses fameux flashbacks traumatiques (et bien souvent psychédéliques, comme le montrent ce ralenti et cette musique lancinants, qui se reconstitue progressivement au long du film. On pense surtout à ceux d’Il Etait une fois dans l’Ouest et Giù la Testa). Les trois personnages principaux ont chacun une introduction développée au début du film, qui nous présente leurs motivations (en apparence en tout cas), leurs méthodes, et surtout très vite leur limite. Pas de manichéisme ici, personne n’est gentil, et surtout pas les deux chasseurs de prime, véritables charognards avides d’argent, et donc de bandits à zigouiller. Les deux chasseurs de prime ont des méthodes très différentes (arsenal minutieux et propre d’armes à feu de tous calibres et une précision meurtrière pour le colonel Mortimer, minutieux de surcroit comme le montre la géniale scène des pas comptés autour de la banque que tout le monde surveille, alors que l’Homme Sans Nom se caractérise par un calme à toute épreuve et un mutisme enrageant qui font perdre patience au plus endurci des pistoleros. En plus de ça, sa main droite est toujours planquée sous son poncho, et il ne s’en sert qu’au dernier moment, l’instant où son ennemi dégaine et se fait refroidir par Eastwood plus rapide que l’éclair et muet comme une tombe, avec son petit cigare que Leone lui a forcé à reprendre pour ce rôle, malgré la réticence d’Eastwood), qui font l’objet de scènes consacrées à nos deux héros, qui semblent pas si sympas que ça. Heureusement, le troisième protagoniste arrive vite, un pourri de la pire espèce qui n’hésite pas à tuer femmes et enfants, El Indio (excellent Gian Maria Volonte, troublant et instable), qui est tellement méchant, qu’on préfère quand même s’identifier aux 2 premiers qui finalement, au vu du type qu’ils poursuivent, ne sont pas si négatifs que ça. On comprend la rudesse du chasseur de prime quand on voit son gibier. Bon et puis là, il faut dire que le méchant est particulièrement gratiné, avec une tronche de dément pas possible qui traine un lourd passé derrière lui qui le hante sans cesse, tellement qu’il est obligé de se défoncer à la marijuana sous ce soleil de plomb, en écoutant régulièrement le son de cette fameuse montre, objet récurrent qui lui sert à rythmer la fin de ses ennemis (« Quand la musique s’arrête, tu ramasses le pistolet et tu tires. Essaie. », lors de la scène dans l’église abandonnée et du duel final contre Mortimer). Mais le colonel Mortimer a la même de montre, et on comprendra plus tard ce qui les « unit ». Et c’est dans ce film qu’apparait un des effets de style caractéristiques de l’œuvre de Leone, le flashback, qui arrive progressivement par intermittence, onirique et presque psychédélique dans cette ambiance d’aridité. Les images arrivent au ralenti, par morceaux choisis qui sont dévoilés au fur et à mesure de l’intrigue, jusqu’au duel final. Comme à son habitude, El Indio propose à Mortimer d’attendre la fin de la musique de sa montre (ironie du destin puisque c’est celle du colonel offerte à sa sœur qu’il doit venger). On attend anxieux, la musique commence à s’éteindre, la mort arrive. Mais soudain, à la surprise des deux duellistes, la musique de la montre reprend pour laisser un répit à Mortimer. Monco arrive avec l’autre montre, celle de Mortimer, et vient littéralement arbitrer ce duel intense. C’est à ce moment qu’on comprend les motivations de Mortimer, ce qui le pousse à la vengeance (on voit enfin la suite et fin du flashback, qui vient nous apporter les explications qu’on commençait à pressentir).
Mortimer n’agit pas par appât du gain, mais bien plutôt par vengeance, et là, on se marre moins que dans le premier, parce que ce n’est plus vraiment le même ton. Et c’est ça qui est fort avec Sergio Leone : à la bourré d’humour noir et critique qui nous permet de s’attacher aux personnages, et des grands élans dramatiques qui nous happent totalement dans la tension et l’action, ses films sont constitués de moments forts, épiques et héroïques ponctués de touches d’humour plus ou moins subtil qui ne brisent pas le rythme de l’histoire. De plus, on sait à chaque fois ce qu’il va se passer, on l’attend avidement en trépignant sur son fauteuil, et quand ça arrive, on est toujours surpris et presque étonné avec un plaisir sans cesse renouvelé (l’intro de Monco, où il s’immisce dans un partie de cartes pour emmerder le méchant, le faire craquer pour qu’il fasse le premier pas, dégainer son arme, afin de le refroidir en toute légitimité, ou l’incontournable duel final dont on attend l’apothéose durant tout le film). Leone sait user des codes du genre sans les épuiser, et maitrise parfaitement tout ce jeu d’attente et de suspense qui nous fait mijoter et bouillir. Et pour l’humour, notons une scène vraiment marrante, qui fonctionne sur les mêmes principes de suspense. Les deux chasseurs de prime vont enfin se confronter (pour le bonheur du spectateur qui l’espérait impatiemment), et cette situation est lourde et chargée de pression. Monco envoie un chinois ranger les affaires de Mortimer pour qu’il quitte la ville, celui-ci ne comprend pas et le suit, face à face avec le chinois interposé qui ne sait pas qui écouter entre ranger les affaires et les charger et finit par s’enfuir. Les deux se regardent plantés à quelques centimètres l’un de l’autre, Monco écrase la chaussure de Mortimer impassible, qui lui rend la pareille. Monco se fait écraser la chaussure à son tour, ce qui lui plait moyennement et il envoie un méchant coup de poing dans la tronche de Mortimer qui perd son chapeau. Il reste impassible en se relevant, et quand Monco tire dans son chapeau à chaque fois que Mortimer tente de le ramasser. Il finit par le récupérer car Monco n’a plus de balles, et alors qu’il est plus loin, il lui fait la même chose, à savoir tirer plusieurs coups dans le chapeau pour le faire voler. Ils finissent par se regarder et par se marrer allègrement. Scène d’anthologie, et tout ça, sous les yeux de quelques gamins hallucinés. (Notons un petit décrochement de pellicule pendant la séance, qui s’arrête quelques courtes minutes pour reprendre très vite, à ce moment là du film je crois.)
Sergio Leone est vraiment balaise et ce film en est une preuve.
...Et pour quelques dollars de plus est une œuvre de référence incontestable du western spaghetti, et un immense film de genre d’un auteur trop mal considéré.
C’est décidé, je vais voir demain Giu la Testa, qu’ils jouent aussi au Grand Action. A suivre.
http://french.imdb.com/title/tt0059578/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Et_pour_quelques_dollars_de_plus
http://www.youtube.com/watch?v=mLXQltR7vUQ
http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article6688
http://www.dvdclassik.com/Critiques/et-pour-quelques-dollars-de-plus-dvd.htm
http://www.cineclubdecaen.com/realisat/leone/etpourquellquesdollarsdeplus.htm
http://roroblog72.canalblog.com/archives/2009/11/01/15640309.html
http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/et-pour-quelques-dollars-de-plus-66251
http://www.kinopitheque.net/et-pour-quelques-dollars-de-plus-per-qualche-dollaro-in-piu/
http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/article/et-pour-quelques-dollars-de-plus-1/
Eddie, le 6 déc. 2009.
Lascars-Le Film de Albert Pereira-Lazaro et Emmanuel Klotz (France-Allemagne/2009/96’’/35mm/Couleur/VF).
Pas de vacances pour les vrais gars ! Moi qui reste sur paris cet été, une accroche de film comme ça, ça me parle.
Après un film kazakh, retour dans la même salle du même cinéma à 19h50, pour un univers plus proche et plus quotidien. Pour finir en beauté le dernier jour de la fête du cinéma, je me fais un programme de deux films d’animation (certes différents). Je me paye même le luxe de manger du pop-corn. Et retour dans la salle 4 à 19h50. Mais alors que ce matin celle-ci était quasi vide, la voila bien remplie de gens bruyants et mal élevés (environ une soixante de spectateurs). Et puis toujours les mêmes pubs, le même matraquage pour le public d’habitués. Je constate cependant que les salles de cinéma se remplissent grâce aux films commerciaux et accessibles, et que tout le monde va voir les mêmes choses. Les bandes annonces sont plus ciblées jeune public (Le Petit Nicolas, Là-Haut, le dernier Harry Potter, etc) et on sent que la rentrée est bien préparée. Mais en attendant c’est l’été, et Lascars est bel et bien un film estival.
Résumé :
L'été sera chaud pour les lascars. Condé-sur-Ginette, en périphérie d’une grande ville, à mille lieux du sable chaud, des cocotiers et du bleu océan des Caraïbes. C’est l’été. Le soleil brûle le chrome des mobylettes, réchauffe le bitume des tours, asphyxie les halls d’immeubles et crame les esprits. Ici, tout le monde rêve des plages de Santo Rico. Certains plus que d’autres. Pour Tony Merguez et José Frelate, deux gars du quartier, le départ est imminent. Mais l’agence de voyage responsable de leur billet a zappé le nom de la destination. Retour à la case Ginette !
Pour refaire surface, Tony se mue en Montana façon Scarface et tente de refourguer un peu d’herbe fraîche "gentiment" prêtée par Zoran, brute épaisse et caïd de la cité. José de son côté joue les Don Juan dans une grosse villa, occupée par Momo l’incruste et la belle Clémence. Tout aurait pu rouler, si une maîtresse en furie (et policière accessoirement), des réalisateurs (porno) plutôt amateurs, un sauna norvégien, des flics énervés ou encore un juge coriace, n’en avaient décidé autrement…
Lascars est une série courte d’animation crée par El Diablo (issu de la BD et du graffiti) et diffusée sur Canal+ en prime-time tout le long de l'été 2000 (sortie le 21 juillet 1998 selon imdb). Longtemps une série fantôme que peu de gens avaient vu, mais que tout le monde connaissait, puis enfin devenue partie intégrante de la culture populaire française contemporaine, grâce à internet et sa diffusion massive et gratuite, le film Lascars est un véritable aboutissement de presque une dizaine d’années. Univers hip hop dépeint avec finesse, pertinence et humour, cette série de 30 épisodes d’une minute, aux situations quotidiennes bien connues et aux clichés du jeune de la rue, est cependant fort de son second degré et de son potentiel comique et critique indéniable. Les stéréotypes sont malmenés, l’inconscient collectif du lascar est fouillé avec force détails et humour (Baston de regards, T’as pas une cigarette ?, Boxe Thaï, etc..), ponctué par des voix bien connues de guest-stars du paysage hip hop français. La série Lascars fait un gros buzz par le biais du web, créant un univers à part entière, malgré le peu d’épisodes, et une deuxième saison de trente autres épisodes est lancée en 2007, puis le long métrage aujourd’hui.
On peut dire que le pari de garder le même esprit et la même énergie malgré une équipe différente est réussi, et le film s’inscrit parfaitement dans l’univers si caractéristique de Lascars. En gros, une série de sketches qui s’enchainent pendant 1h30 à un rythme endiablé, comme un long épisode bien développé. Les vannes acerbes et éloquentes, les voix bien connues de rappeurs ou d’artistes du hip hop (Omar et Fred, Vincent Cassel, Diam’s, etc), l’ambiance ghetto, et même les 2 héros, Tony Merguez et José Frelate (qui sont au centre du pilote original de la série 1), tout y est.
Notons, lors du générique, sur fond de rap américain signé Lucien Papalu et De La Soul (2), une petite dédicace à notre Sarko national (« Casse-toi pov’ con doesn’t meant cup of tea, it’s our french president express his sympathy »), pertinente et bien pensée, totalement dans l’esprit critique des Lascars. On se marre bien du début à la fin, Lascars est définitivement un film léger et sympathique à voir, surtout en cette période.
http://www.lascars-lefilm.com/
http://www.eldiablo.raoulsinier.com/
http://www.imdb.com/title/tt1043852/
http://www.premiere.fr/film/Lascars
http://www.cinefil.com/film/lascars-2
http://www.youtube.com/watch?v=r9mxBSSYmk4&feature=related (1)
http://www.youtube.com/watch?v=6iactBiuN68&feature=related(2)
http://www.semainedelacritique.com/sites/article.php3?id_article=399
http://unesemaine-unchapitre.com/index.php?post/Les-lascars-sont-nos-amis
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lascars_%28s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e%29
http://www.brain-magazine.com/index.php?option=com_content&view=article&id=2700:el-diablo-&catid=17&Itemid=6 (interview d’El Diablo)
Eddie, le 3 juillet 2009.
Coraline de Henry Selick (USA/2009/96’’/Red/1 :85/Animation/Couleur/D-Cinema (3D)/vostfr).
Après Lascars, j’enchaine avec Coraline au MK2 Quai de Loire (j’ai juste à traverser le canal), pour une soirée film d’animation (aux procédés cependant bien différents) à 22h10.
Cette séance est heureusement en version originale, mais en plus, j’apprends en prenant mon billet que le film sera projeté en 3D (avec un supplément de 2 euros pour les lunettes). Je voulais le voir comme ça, et c’est la seconde fois que j’ai l’occasion d’admirer un film en 3D. L’Etrange Noël de Mr Jack dans cette configuration m’avait un peu déçu, mais comme il n’a pas été fait pour les techniques 3D, et que celui-ci est tout récent, je pense qu’il sera mieux adapté à la 3D. Et effectivement, dès les premières images du générique génial (une poupée que l’on défait et que l’on recoud pour en faire une effigie de Coraline, et l’on voit l’aiguille en 3D s’enfoncer dans le trou d’un bouton en gros plan), on sent que ce film est mieux pensé pour la 3D. J’ai pris heureusement ma place bien en avance, et je peux rentrer parmi les premiers spectateurs, et me placer de manière optimale (bien au centre de la salle, ni trop près, ni trop loin) après avoir récupéré les lunettes 3D (du nom de « Volt ») à l’entrée. La salle 3 du MK2 Quai de Loire est quasi remplie quand le film débute, et en attendant qu’il commence, même rituel que d’habitude : les gens se prennent en photo pour immortaliser leurs tronches singulières et tellement marrantes avec les lunettes.
Résumé :
Coraline Jones est une petite fille intrépide et à la curiosité sans limite qui vient tout juste d'emménager avec ses parents dans une grande mais triste maison. Elle y fait la rencontre de nouveaux voisins décalés, d'un étrange garçon ainsi que d'un mystérieux chat noir.
Jouant les exploratrices, elle découvre l'existence d'une porte conduisant à un monde parallèle représentant sa nouvelle vie mais dans une version cependant nettement plus belle et divertissante où elle y trouve des doublures de ses propre parents et voisins ayant pour yeux de gros boutons noirs. Là-bas, ses "Autres Parents" sont disponibles à plein temps, ses "Autres Voisins" font toujours la fête, la nourriture y est tout le temps délicieuse et les loisirs y sont infinis.
Cependant, elle ignore que toutes ces merveilles vont rapidement prendre une tournure assez inattendue...
Le réalisateur de ce film est le même que pour L’Etrange Noël, Henry Selick, et l’univers des deux films est très proche, même si Coraline est moins sombre et baroque, moins burtonnien en somme que leur conte de noël décalé et gothique.
Cependant, ce film reste bien noir et ne semble pas être un dessin animé destiné aux enfants. La thématique et le sujet sont très clairs : c’est la dualité entre un monde réel morne, inintéressant et un peu triste, où personne n’écoute Coraline et un faux monde où tout est beau et parfait et où ses désirs deviennent réalité, mais en échange d’un bien précieux : les yeux qui deviendront des boutons. Un monde imaginaire qui s’immisce dans sa réalité ennuyeuse, où elle deviendrait une poupée pour être heureuse. Coraline (et par extension les enfants) doit choisir entre ces deux mondes, et devra se contenter de la réalité, qu’elle fuyait au début, moins colorée et enchanteresse. Le monde imaginaire n’est pas un bien ni un refuge, comme le suggère Selick, et cache souvent des choses pires encore : une sorcière-araignée qui se nourrit de l’imaginaire des enfants et leur prend leurs yeux, et ces fantômes d’enfants qui ont perdu leurs yeux pour des boutons et le monde trompeur des rêves. Les couleurs, les univers oniriques et biscornus, les personnages décalés et hauts en couleurs (le petit garçon bizarre qui travaille sur des cadavres, le gros bonhomme russe, maitre de cirque et d’une troupe de souris, les deux vieilles, anciennes stars du music-hall, le chat noir et pelé, seul capable de faire le lien entre les deux mondes et qui connait les enjeux de ceux-ci), chaque image de ce film est un spectacle visuel enchanteur qui ravira les grands et fera bien peur aux petits (c’est aussi un bon film pour les enfants, qui change des contes niais et chargés de symboles inconscients et dangereux à la Walt Disney. Au moins, ici le message est clair : « Ne fuyez pas à la réalité à n’importe quel prix, même si le monde de l’imagination a une forte attraction, il cache souvent bien pire »). Un beau conte pour grands enfants dérangeant, leçon de vie cruelle sur le pouvoir des rêves et leur danger. En tout cas, c’était sympa à voir, mais alors qu’est-ce que ça fait mal aux yeux leur 3D. Je ne m’en étais pas rendu compte la première fois (voir L’Etrange Noel de Mr Jack projeté en 3D à L’Ecran), mais là quand je sors, mes yeux (tiens, c’est de circonstance) ont pris trop cher et piquent un peu.
Les remplacer par des boutons ?..
http://www.coraline.com/
http://french.imdb.com/title/tt0327597/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Coraline
http://fr.wikipedia.org/wiki/Coraline_%28film%29
http://www.telerama.fr/cinema/coraline,43952.php
http://www.commeaucinema.com/film/coraline,99322
http://www.toujoursraison.com/2009/06/coraline.html
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=109125.html
Eddie, le 3 juillet 2009.
L’étrange Noël de Mr jack (The Nightmare Before Christmas) de Henry Selick(USA/1993/76’’/35mm/3D/Couleur/Vostfr).
Dans le cadre de Dimension 3, le Festival 3D Relief en Seine Saint Denis du 2 au 15 juin 2009, le cinéma l’Ecran présentait L’Etrange Noel de Mr Jack en 3D, et surtout en entrée libre, dans leur grande salle de 300 places. La séance commence à 20h, mais on arrive avant avec Manu, histoire d’être sûr d’avoir des places. Et effectivement, on a bien fait, une interminable file d’attente encombre la Place du Caquet, devant le cinéma. Il y a beaucoup de monde ce soir, en majorité des enfants venus profiter du spectacle de la troisième dimension.
Par curiosité, je monte voir en cabine le projecteur 3D. Le projectionniste m’explique que c’est un projecteur numérique, comme pour le 2K, mais actuellement réglé pour la 3D. Ce projecteur est branché à un serveur numérique, comme une unité centrale d’ordinateur ou un gros disque dur, avec les films contenus dedans, et leurs réglages. Il y a aussi un capteur/émetteur qui envoie des signaux aux lunettes afin qu’elles opèrent la 3D (d’ailleurs si on met le doigt dessus, ça ne marche plus). Des lunettes sont donc distribuées à l’entrée de la salle, et très vite tout le monde ressemble à Cyclope des X Men (surtout les gamins qui ont des petites têtes avec des lunettes trop grandes), et un nombre impressionnant de portables et d’appareils photos sont sortis pour immortaliser toutes ces tronches pas possibles. La salle met du temps à se remplir (+ de 260 personnes environ) dans le chahut et les cris d’enfants, et le film commence sans doute avec un peu de retard, après une brève présentation de Boris Spire, directeur de l’Ecran et les techniciens 3D qui nous expliquent le fonctionnement des lunettes et du principe de 3 dimensions (en plus d’une séquence animée d’explication du principe avec une boule à lunettes qui parle et qui tire la langue qui ressort en 3D et s’approche de nos yeux au moment du test de bon fonctionnement: la plupart des gamins se sont mis à hurler de peur et d’euphorie).
Dans le bruit des cris d’enfants et des papiers bonbons, L’Etrange Noel de Mr Jack (d’après une histoire de Tim Burton) commence et ça fait bizarre de le voir en 3D, même si on le connait par cœur. C’est un film assez sombre dans les tons et les couleurs, mais les lunettes 3D font perdre encore de la luminosité (quand on les enlève, l’écran est fortement éclairé), et certains passages sont vraiment trop sombres et moins lisibles. Tout au long du film, les moments forts ou rigolos sont ponctués de cris et de rires d’enfants, dont certains font un beau boucan durant la séance (rappelés gentiment par un adulte qui leur hurle de se la fermer…).
Bon c’était marrant de revoir ce film d’animation, et cette fois en 3D (une première pour moi), mais je suis un peu déçu et reste sur ma faim.
La 3D est impressionnante mais on sent que ce film n’a pas été fait ni pensé pour ce procédé. Ça me donne donc envie d’aller voir Coraline du même Henry Selick (à qui l'on doit aussi James et la Pêche Géante), plus récent et d’après ce que j’ai compris, plus adapté à la 3D. A suivre.
http://www.etrange-noel.net/
http://www.imdb.com/title/tt0107688/
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=27633.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Étrange_Noël_de_Monsieur_Jack
http://tribaal.online.fr/Nightmare_before_christmas.htm
http://www.abc-lefrance.com/fiches/EtrangeNoeldeMJack.pdf
http://www.filmdeculte.com/culte/film-culte/Etrange-Noel-de-Mr-Jack-L-5421.html
(Eddie, le 12 juin 2009.)
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