mardi 13 octobre 2009

Les Poupées du Diable (The Devil’s Dolls) de Tod Browning (USA/1936/78’’/35mm/N&B/vostfr)


Cet après-midi, je vais voir un film de Tod Browning (célèbre pour ses Freaks, film culte sorti 4 ans plus tôt), Les Poupées du Diable, « un conte horrifique de l’âge d’or du cinéma américain » »où prolifèrent des lilliputiens criminels sous hypnose », en salle 2 de l’Action Ecoles devant seulement 8 personnes. Encore une fois dans ce film (son avant dernier), Browning développe le thème des monstres humains, ou plutôt d’humains monstrueux.
Résumé :
Le banquier Paul Lavond (Lionel Barrymore), victime d’une machination de ses associés qui l’ont envoyé au bagne, parvient à s’enfuir avec Marcel, un chimiste, et tous deux se réfugient chez Malita, la femme de ce dernier. Le savant et sa femme ont mis au point un procédé qui permet de réduire des animaux à la taille d’une poupée, et dont on prend le contrôle en se concentrant sur eux. Marcel applique cette découverte sur sa servante, mais meurt prématurément. Lavond voit dans cette découverte le moyen de se venger, et à l’aide de Malita et d’un déguisement de vieille femme vendeuse de jouets, monte à Paris retrouver ses ennemis, mais aussi sa mère et sa jeune fille amoureuse d’un chauffeur de taxi.
Atmosphère étrange, début brumeux et oppressant, histoire de vengeance calculée, visages grimaçants (le savant fou, sa femme au genre « Cruella d’enfer » avec sa mèche blanche et ses yeux écarquillés, et bien sûr Lavond grimé en gentille mamie grimaçante et à la voix fluette, à la manière d’une Mme Doubtfire trash), dualité de l’identité et mensonges, les « Monsieur » et « Madame » (en français dans le texte) et les transformations humaines (« la perfection ne peut être mauvaise »), tout dans ce film lui donne une ambiance bizarre et décalée. Et pour un film des années 30, il fait preuve d’une modernité étonnante, que ce soit dans les thématiques ou même dans la forme. Les scènes avec des poupées miniatures sont le jeu de surimpressions (quand un humain taille réelle est aussi présent à l’écran, ce sont des superpositions de plans d’échelles différentes) et de changements d’échelles de décors (des acteurs/poupées taille réelle évoluent dans des décors surdimensionnés et immenses, construit pour l’occasion en géant). On sent les grosses ficelles, mais pour l’époque, les SFX sont marrants, c’est assez impressionnant et relativement bien effectué. Mais ce film fantastique des 30ies reste ancré dans sa culture américaine, et soumis à ses spécificités culturelles. Une belle fin qui finit bien, les images veloutées qui rendent les filles gentilles super jolies (petit contre dans les cheveux, peau parfaitement exposée et point de lumière dans les yeux), une histoire d’amour à l’eau de rose, les manières des comédiens et les scènes de suspens, sont caractéristiques du cinéma hollywoodien (film produit par la MGM) et en font un film moins critique que Freaks. Le noir et blanc est magnifique (photographie de Leonard Smith), le sujet qui traite d’expériences mystico-scientifiques comme le fait de rétrécir les humains ou le contrôle mental ou encore la thématique de la monstruosité chère au réalisateur, les jeux de mots et d’esprit comme le nom d’un des méchants banquiers, Mr Radin, les trucages visuels sur les tailles et les dimensions (décors gigantesques), et surtout les gueules grimaçantes des personnages (en particulier le héros qui a quand même une sale tronche, même postiché en vieille dame innocente), font cependant de ce film un bel objet de cinéma, plaisant à voir. Tod Browning est un cinéaste intéressant mais si peu connu, dont l’œuvre mérite qu’on s’y attarde. Il nous pose encore une fois dans The Devil’s Dolls la question de la monstruosité. Le monstre chez Browning n’est pas celui qui en a l’apparence, le monstre est purement humain et se définit par ses actes. Ceux dont l’apparence est anormale ou bizarre (ici les poupées miniatures) sont aussi souvent le fruit d’expériences diaboliques et monstrueuses. Que dire de plus à part allez le voir dans une réédition exclusive distribuée par Carlotta Films.


A bientôt, amis cinéphiles.
http://french.imdb.com/title/tt0027521/combined
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Poup%C3%A9es_du_diable
http://shangols.canalblog.com/archives/2009/08/09/14691579.html
http://www.dvdrama.com/news-28061-les-poupees-du-diable-tod-browning-.php
http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/article/les-poupees-du-diable-1/
http://site.voila.fr/todbrowning/thedevildoll.htm
http://www.1kult.com/2009/07/08/les-poupees-du-diable-tod-browning/
http://www.wowmagazine.fr/2009/08/17/les-poupees-du-diable/
http://www.cinemaniac.fr/news/the-devil-doll-les-poupees-du-diable-monstreusement-humains
http://www.cinemotions.com/modules/Films/fiche/19211/Les-Poupees-du-diable.html

Eddie, le 10 sept. 2009.

Les Beaux Gosses de Riad Sattouf (France/2009/90’’/35mm/1 :85/Couleur/VoFr).



A l’occasion de la Fête du Cinéma du 27 juin au 3 juillet 2009, avec le Pass pour la semaine qui nous fait payer la place à 3 euros pour tous les films, toutes les séances, je décide de m’organiser un minimum afin de voir des films que je ne serais jamais allé voir sans ça. A cause d’un tournage, je m’y prends cependant un peu tard, et ne profite que des trois derniers jours de cette semaine cinéphilique. Notons cependant que 3 euros ça devrait être le prix normal pour une place plein tarif (et non 8 à 10 euros).
Comme c’est à côté, et que ça fait longtemps que je n’y suis pas allé, je vais donc au Pathé Wepler à place de Clichy pour mater Les Beaux Gosses à 22H25, premier film de Riad Sattouf, auteur français de bandes dessinées, en particulier du Manuel des Puceaux et de Pascal Brutal (que je conseille vivement à la lecture pour découvrir son univers et son humour).
Mais j’avais oublié un peu les grosses salles de cinéma, et je suis impressionné et agacé par le nombre incalculable de pubs avant la séance (d’abord une bonne série, puis mélangées aux bandes-annonces, et parfois tellement subtiles qu’on les confond avec celles-ci et qu’on ne sait plus ce qu’on regarde, et ce qu’on est en train de nous vendre-une glace, un parfum ou un film). Vive les multiplexes, véritables temples de la consommation, où l’on entend les gens se marrer et manger des pop-corns, et qui se barrent dès les dernières images du film pour ne pas louper le dernier métro.
Entre ce matraquage en bonne et due forme, j’arrive à retenir quelques bandes-annonces en vrac : Bancs Publics de Bruno Podalydès, Toy Boy, une histoire de gigolo à Hollywood avec Ashton Kutcher, Brüno, dernier film de Sacha Cohen Baron et cousin de Borat, Ong Bak 2, un gros film de bagarre thaïlandais pour une suite qui n’a rien à voir (trop envie de le voir !), Une Semaine sur Deux de et avec un des 3 frères (les Inconnus), Bernard Campan, Black, film d’action français à la gloire du rappeur Mc Jean Gab1, Océans, un beau documentaire sur les mers de la planète et Mission G, un film d’animation avec des hamsters agents secrets comme héros (pfffou. N’importe quoi tous ces films qui sortent).
Plus d’une cinquantaine de spectateurs qui semblent avoir bien apprécié (moi aussi) ce film d’adolescents décalé, simple et sans prétention, rafraichissant par ce temps lourd. Riad Sattouf propose une vision à la fois subtile et juste mais aussi très crue et décalée de la réalité de l’adolescence et ses problématiques, en particulier les rapports sociaux et la sexualité, à travers le regard de 2 loosers, Hervé et , pour qui le sexe est un monde inconnu à découvrir avidement, et les filles et les femmes un mystère total qui rend les rapports avec elles assez compliqués et rigolos, sans compter sa mère (le père n’est pas là, il est « pilote de ligne » ou un truc comme ça), autre personnage féminin important, qui en impose avec humour et aime tellement fort son fils que cela prend une place immense.
Et puis ce jeu d’apparences dans les rapports sociaux dès l’adolescence, et la sélection « naturelle » qui met à l’écart les plus faibles (ou les plus moches. Et nos deux héros le sont particulièrement). Heureusement, malgré la cruauté et la dureté de la jungle collégienne, l’amour est aveugle et sans raisons et il suffit d’un rien pour les intégrer à la fin (une coupe de cheveu plus sympa et un autre style vestimentaire sont de bons débuts). La vie d’un ado et ses questionnements sont un thème qui intéresse le cinéma, mais qui est ici traité sous l’angle décalé du moche et du perdant à qui l’amour semble inaccessible. Riad Sattouf explore littéralement l’âge ingrat (et tout ce qu’il implique), qu’il connait bien et qu’il a déjà balisé et décrit dans ses BD, et nous livre un premier film touchant, drôle et assez juste.
Ça me rappelle mes années au collège et au lycée, les mêmes vannes à la con, les mêmes idiots (jeunes ou adultes), les mêmes soucis avec les cours et les filles (pas autant quand même), les mêmes délires avec les potes. Un film assez plaisant sans artifices à aller mater pour se faire plaisir. Ça vaut en tout cas plus que les vieilles séries d’ado pourries à la télé, c’est plus fin et plus subtil, avec des vrais-faux boutons et des bagues aux dents.

http://lesbeauxgosses.skyrock.com/
http://www.imdb.com/title/tt1314237/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Beaux_Gosses
http://www.matierefocale.com/article-33000219.html
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=136666.html
http://www.dvdrama.com/film-29739-les-beaux-gosses.php
http://www.quinzaine-realisateurs.com/films/14178/Les-beaux-gosses.html#
http://www.hyperbate.com/dernier/?p=6430
http://www.krinein.com/cinema/beaux-gosses-8920.html
http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/video/2009/05/17/les-beaux-gosses-font-le-point-sur-la-vie-des-adolescents_1194343_766360.html
http://www.culturopoing.com/Cinema/Riad+Sattouf+%E2%80%93+Les+Beaux+gosses+-2118
http://www.leparisien.fr/abo-seine-saint-denis/c-est-le-college-des-beaux-gosses-16-06-2009-549115.php
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/06/09/les-beaux-gosses-poussee-de-seve-et-de-spleen-de-deux-ados-de-province_1204716_3476.html

Eddie, le 1er juillet 2009.