mardi 15 décembre 2009

Lascars-Le Film de Albert Pereira-Lazaro et Emmanuel Klotz (France-Allemagne/2009/96’’/35mm/Couleur/VF).



Pas de vacances pour les vrais gars ! Moi qui reste sur paris cet été, une accroche de film comme ça, ça me parle.
Après un film kazakh, retour dans la même salle du même cinéma à 19h50, pour un univers plus proche et plus quotidien. Pour finir en beauté le dernier jour de la fête du cinéma, je me fais un programme de deux films d’animation (certes différents). Je me paye même le luxe de manger du pop-corn. Et retour dans la salle 4 à 19h50. Mais alors que ce matin celle-ci était quasi vide, la voila bien remplie de gens bruyants et mal élevés (environ une soixante de spectateurs). Et puis toujours les mêmes pubs, le même matraquage pour le public d’habitués. Je constate cependant que les salles de cinéma se remplissent grâce aux films commerciaux et accessibles, et que tout le monde va voir les mêmes choses. Les bandes annonces sont plus ciblées jeune public (Le Petit Nicolas, Là-Haut, le dernier Harry Potter, etc) et on sent que la rentrée est bien préparée. Mais en attendant c’est l’été, et Lascars est bel et bien un film estival.
Résumé :
L'été sera chaud pour les lascars. Condé-sur-Ginette, en périphérie d’une grande ville, à mille lieux du sable chaud, des cocotiers et du bleu océan des Caraïbes. C’est l’été. Le soleil brûle le chrome des mobylettes, réchauffe le bitume des tours, asphyxie les halls d’immeubles et crame les esprits. Ici, tout le monde rêve des plages de Santo Rico. Certains plus que d’autres. Pour Tony Merguez et José Frelate, deux gars du quartier, le départ est imminent. Mais l’agence de voyage responsable de leur billet a zappé le nom de la destination. Retour à la case Ginette !
Pour refaire surface, Tony se mue en Montana façon Scarface et tente de refourguer un peu d’herbe fraîche "gentiment" prêtée par Zoran, brute épaisse et caïd de la cité. José de son côté joue les Don Juan dans une grosse villa, occupée par Momo l’incruste et la belle Clémence. Tout aurait pu rouler, si une maîtresse en furie (et policière accessoirement), des réalisateurs (porno) plutôt amateurs, un sauna norvégien, des flics énervés ou encore un juge coriace, n’en avaient décidé autrement…

Lascars est une série courte d’animation crée par El Diablo (issu de la BD et du graffiti) et diffusée sur Canal+ en prime-time tout le long de l'été 2000 (sortie le 21 juillet 1998 selon imdb). Longtemps une série fantôme que peu de gens avaient vu, mais que tout le monde connaissait, puis enfin devenue partie intégrante de la culture populaire française contemporaine, grâce à internet et sa diffusion massive et gratuite, le film Lascars est un véritable aboutissement de presque une dizaine d’années. Univers hip hop dépeint avec finesse, pertinence et humour, cette série de 30 épisodes d’une minute, aux situations quotidiennes bien connues et aux clichés du jeune de la rue, est cependant fort de son second degré et de son potentiel comique et critique indéniable. Les stéréotypes sont malmenés, l’inconscient collectif du lascar est fouillé avec force détails et humour (Baston de regards, T’as pas une cigarette ?, Boxe Thaï, etc..), ponctué par des voix bien connues de guest-stars du paysage hip hop français. La série Lascars fait un gros buzz par le biais du web, créant un univers à part entière, malgré le peu d’épisodes, et une deuxième saison de trente autres épisodes est lancée en 2007, puis le long métrage aujourd’hui.
On peut dire que le pari de garder le même esprit et la même énergie malgré une équipe différente est réussi, et le film s’inscrit parfaitement dans l’univers si caractéristique de Lascars. En gros, une série de sketches qui s’enchainent pendant 1h30 à un rythme endiablé, comme un long épisode bien développé. Les vannes acerbes et éloquentes, les voix bien connues de rappeurs ou d’artistes du hip hop (Omar et Fred, Vincent Cassel, Diam’s, etc), l’ambiance ghetto, et même les 2 héros, Tony Merguez et José Frelate (qui sont au centre du pilote original de la série 1), tout y est.
Notons, lors du générique, sur fond de rap américain signé Lucien Papalu et De La Soul (2), une petite dédicace à notre Sarko national (« Casse-toi pov’ con doesn’t meant cup of tea, it’s our french president express his sympathy »), pertinente et bien pensée, totalement dans l’esprit critique des Lascars. On se marre bien du début à la fin, Lascars est définitivement un film léger et sympathique à voir, surtout en cette période.


http://www.lascars-lefilm.com/
http://www.eldiablo.raoulsinier.com/
http://www.imdb.com/title/tt1043852/
http://www.premiere.fr/film/Lascars
http://www.cinefil.com/film/lascars-2
http://www.youtube.com/watch?v=r9mxBSSYmk4&feature=related (1)
http://www.youtube.com/watch?v=6iactBiuN68&feature=related(2)
http://www.semainedelacritique.com/sites/article.php3?id_article=399
http://unesemaine-unchapitre.com/index.php?post/Les-lascars-sont-nos-amis
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lascars_%28s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e%29
http://www.brain-magazine.com/index.php?option=com_content&view=article&id=2700:el-diablo-&catid=17&Itemid=6 (interview d’El Diablo)

Eddie, le 3 juillet 2009.

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